Un tour autour d’un lac
175 km de long, 8300 km2 de superficie, 270 m de profondeur au plus profond, plus de cinq îles habitées, deux nationalités péruvienne et bolivienne, le tout à 3812 m d’altitude, ce qui en fait le lac navigable le plus haut du monde. Forcément avec de telles références, il ne peut qu’être majestueux le Lac Titicaca.
Et qu’importe son nom un peu enfantin qui selon le dialecte aymara signifierait « puma-lièvre ». Ici, les légendes portent les voyageurs vers d’autres sphères. Berceau des civilisations andines pour une grande majorité des historiens, le Lac Titicaca aurait en effet été le lieu d’où aurait surgit le dieu Viracocha, créateur de la Lune, du Soleil et des étoiles. De même, Copacabana, située sur les rives du lac, côté Bolivien, était un haut lieu de pèlerinage de l’empire inca bien avant l’arrivée des Espagnols. La légende parle aussi d’un immense trésor d’or et d’argent, coulé au fond des eaux, en 1533, lors de l’exécution de l’empereur inca Atahualpa par les conquistadores. De quoi laissé rêveur.
Et on l’est, lorsque l’on arrive sur ses rives, aux abords d’un vert tendre et pastel, secoué par les à-coups du train qui nous mène de Cusco à Puno. Au loin, le bleu est azur foncé, intense. D’autant plus intense qu’il tranche avec le blanc des sommets enneigés, côté Bolivien. Un peu de mer, comme une tranche de poésie, au milieu de cet altiplano aride et désertique. Moi qui ai toujours préféré la mouvance de l’océan aux dessins immobiles des montagnes, j’éprouve un réel plaisir à perdre mon regard vers cet horizon presque semblable à celui de l’océan… tant ce lac est immense et tant il est parfois impossible d’en voir la rive en face.
A croire aussi que tout ce que l’on raconte ici, tout ce qui émane de ce lac a des répercussions sur la vie des gens sur ses rives. Plus paisibles, plus souriants, plus jovials qu’ailleurs semble-t-il. Loin des luxueuses Arequipa ou Cusco, Puno nous est apparue aussi plus anarchique, plus proche de la torpeur indienne, poussiéreuse, bruyante et intensément vivante.
Des étals de marchés, de milliers d’oranges ou de pommes de terre, posés à même le sol, sur les trottoirs des rues à perte de vue… des gens qui crient dans des hauts parleurs et des festivités étudiantes de l’aube à la tombée de la nuit avec impossibilité de traverser certaines rues.
A quelques kilomètres de là, côté Bolivien, la bourgade de Copacabana ou les villages de Challa et Challapampa sur l’île du Soleil, furent pour nous plus reposants, mais tout aussi attachants. C’est là, dans la courette d’une école primaire que nous avons assisté à notre « mini-coupe du monde » version bolivienne. Des trous dans le gazon de terre, des buts en bouts de tronc d’arbre, un ballon de hand pour ballon de foot, et des sandales de cuir qui volent dans les airs à chaque coup de pieds. Un vrai spectacle avec des filles aussi motivées que les mecs pour marquer.
Nous voici maintenant à Sorata, à 2700 m, dans une vallée verdoyante, coincés entre l’Illampù, à 6362 m, et notre cher lac… Autre ambiance. Pas un touriste ou si peu. Nous marchons la journée sur les flancs des montagnes… et j’apprends à tisser avec une bolivienne. Une façon de s’imprégner lentement de cette atmosphère plus nonchalante, moins touristique, et plus pauvre aussi qui se dégage de la Bolivie.
PS. juste pour vous avertir que le diaporama sur le Perou est desormais en ligne.