Où t’es caché Machu Picchu ?
Depuis le début, on se dit que l’on n’a pas eu trop de bol avec nos visites de sites touristiques… Il y a d’abord eu le Taj Mahal, en Inde, sous l’orage et les éclairs, puis la baie d’Along au Vietnam sous un ciel couvert, et enfin Angkor et ses merveilles au Cambodge entre les gouttes de pluie… Même sur l’île de Pâques, il a fallu que l’on essuie une bonne averse sur la tronche et un temps gris durant trois jours avant de voir enfin le soleil réchauffer de ses rayons les visages impassibles des Moais. Allait-on continuer comme ça ? Bien sûr, on espérait que non. Que pour notre visite du Machu Picchu, temple du soleil présumé, le soleil justement allait enfin être au rendez-vous… De notre côté, en tous cas, on avait tout fait pour ne pas rater ses premiers rayons.
Réveillés à 4h45, sans p’tit déj, premiers dans la rue dans le noir pour prendre le premier bus à 5h30, premiers du coup à franchir la porte d’entrée du site dès son ouverture à 6h, « numero un y dos ». Si si, on n’en revenait pas. On était bien les premiers touristes de la journée à pénétrer sur cette terre inca si haut perchée, avec certes un peu de monde derrière nous (ben ouaih, on n’était pas les seuls dans le bus tout de même !)… mais bon. Rien de bien méchant… Cela aurait d’ailleurs été fort appréciable si Monsieur Soleil avait bien voulu se lever du même pied ce jour là. Au lieu de ça, nous nous sommes retrouvés, nous et les autres bien sur, à errer dans un brouillard blanc compact qui ne nous permettait pas de voir à plus de dix mètres devant soi, le tout sans trop savoir où aller, ni dans quelle direction regarder, puisqu’il n’y avait aucun panneau, aucune indication, aucune flèche à vue !
Imaginez un peu, une trentaine de personnes routards, lonely et autres guides en main en train d’essayer de se repérer dans un labyrinthe sans lumière. « Il est par où à votre avis le Machu Picchu ? » « J’en sais rien c’est la première fois que je viens ! » La situation était vraiment risible : s’être levés si tôt pour ça !
Mais bon, prenant notre mal en patience, nous amusant finalement des attitudes des uns et des autres, nous avons finalement réussi à grimper, à tâtons (et on se demande encore comment), jusqu’au fameux mirador indiqué dans les guides. Là, sans être trop sûr de l’endroit où l’on était (pas de panneau je vous dis !), nous nous sommes posés, comme d’autres avant nous et d’autres après nous (seul indice que nous avions d’être sur la bonne piste).
Et au bout d’une heure d’attente dans ce brouillard, à se regarder en chien de faïence en se demandant si on n’était bien tous au bon endroit, le spectacle se produisit. Peu à peu, la brume se dégagea,. Lentement, très lentement, en dévoilant doucement les contours des montagnes, puis le creux des vallées environnantes , avant de laisser enfin apparaître doucement les ruines de ce site magnifique.
Certes, on pestait une demi-heure plus tôt que le soleil nous ait une fois encore jouer un sale tour, mais là, pour le coup, à cet instant où la brume s’étirait lentement, on se régalait, bluffés tels des enfants émerveillés, qu’il ne soit pas venu trop tôt pointer son nez. Tant, on vous l’avoue, ce spectacle fût à nos yeux bien plus fascinant et mystérieux que si nous avions découvert ce site d’un bloc sous les premiers rayons du soleil. Maintenant, je comprends mieux pourquoi ce site est resté si longtemps caché de tous… des siècles durant. C’est qu’il s’était bien caché le Machu Picchu !