Plongeon dans le canyon de Colca
Ca y est. Les contreforts de la cordillère des Andes sont en vue ! Nos premiers 6000 m du voyage, étant donné que nous avions finalement zappé le Darjeeling en Inde par manque de temps. Et déjà l’appel de la randonnée se fait ressentir. Enfin là, je parle peut-être un peu vite pour nous deux… Presque sept mois de voyage et toujours pas de trek à deux. Quelque chose ne tourne pas rond. Certes, j’avoue que nous avons fait de belles balades sur l’île de Cat Ba dans la baie d’Along, tout comme dans les rizières balinaises, sur les côtes néo-zélandaises ou sur les flancs des montagnes tahitiennes, mais pas encore de véritable trek sur plusieurs jours !
Nous voici donc partis d’Arequipa pour le canyon de Colca, l’un des plus profonds du monde (3200m de dénivelé), mais en fait plus une énorme vallée qu’une gorge. La route pour y accéder en bus nous donne un avant goût de l’altiplano, qui nous attend d’ici peu en Bolivie : une pampa désertique sur un plateau à 4000m, jonchée par quelques rares habitations et des troupeaux de lamas, alpagas et vigognes. C’est aussi l’occasion de gravir notre premier Mont Blanc, un col à 4800m d’altitude…confortablement installés sur nos sièges. On passe sans souci, à peine un léger mal de tête. S’ouvre alors à nous le canyon, vision surprenante de milliers de terrasses, érigées à flanc de montagnes bien avant l’ère des bâtisseurs incas.
Cinq heures après notre départ, notre chemin s’achève enfin en cul de sac à Cabanacondé, village surplombant le canyon à 3200m d’altitude… Le temps de découvrir les sentiers à parcourir dans la région et nous voici partis pour trois jours de trek avec un guide local, un quadragénaire fort sympathique, véritable mine d’informations, Rollando.
A peine une demi-heure de marche et la première surprise de la journée s’offre à nous : un condor virevoltant à quelques dizaines de mètres au-dessus de nos têtes, un vol d’une telle grâce … La journée commence bien. Mais, c’était sans compter les 1200 m de descente pour atteindre le fond de la vallée, qui finissent par esquinter les genoux de Véro. Heureusement, au gré des discussions sur la nature qui nous entoure, multiples espèces de cactus, arbres fruitiers et parasites en tous genres, nous entrevoyons une alternative intéressante pour raccourcir notre étape. Au lieu d’enchaîner sur une bonne montée de deux heures, nous nous arrêterons finalement au fond de la vallée à proximité de sources d’eau chaude (un bonheur aussi intense qu’une bonne bière fraîche pour un randonneur !).
Voilà une journée de faite, mais j’avoue être quelque peu sceptique sur la suite des évènements. Eh oui, la remontée c’est pour le troisième jour et je m’imagine déjà tel une mule chargée de l’acrobate ! C’est d’ailleurs une solution que nous envisagerons à l’arrivée de la 2ème étape au cœur d’une oasis. Trente soles pour la location de la précieuse bourrique, soit environ 7,5 euros, on devrait s’en sortir. Que nenni ! L’acrobate était bien décidée à finir la randonnée à pieds, et avec la manière s’il vous plait : en tête toute la montée, les 1100 m de dénivelé en à peine 2h45 (pas mal pour une gymnaste, non ?) ! Mais bon, je comprendrais bien vite les raisons de cette ultime motivation : « Avec les 30 soles, je pourrai m’acheter un cadeau. Non ? » me lança-t-elle avant de stipuler « maintenant, tu me dois bien une semaine de surf !». J’vous jure les gonzesses de temps en temps !