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trentenaires du monde
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20 mai 2006

Il suffit de…

Les préjugés ont la vie dure. Les mauvaises habitudes aussi parfois. Et les claques reviennent comme des portes en pleine figure. Ça réveille, mais ça fait du bien aussi. Dans la vie, il y a ceux qui dépensent leur argent et ceux qui le gagnent difficilement. Parfois les deux vont ensemble. Mais finalement très rarement. Le voyage peut être vous apprend cela plus que tout autre chose…Il vous met face à la réalité de la vie bien plus que n’ont pu le faire vos trente années de vie quotidienne que vous avez quittée il y a peu…

drapeauxbatoHier, assise à une table de café, à rédiger quelques notes dans un carnet, à regarder la vie passer autour de moi… j’ai eu mal. Mal au cœur en renvoyant un signe négatif de la tête à une fillette de 10 ans, 12 ans peut être qui venait essayer de me vendre des cartes postales, des bracelets en bois, du baume du tigre, le visage fermé, sans expression, aucune. Son business après l’école ? Allait-elle à l’école ? Je ne le saurai jamais… Faisait-elle ça poussée par ses parents ? Qui sait ? La veille, un garçon du même âge était passé nous vendre les mêmes produits avant de repartir derrière son père peut-être sur une mobylette…Comment leur en vouloir de ne pas essayer de gagner ainsi leur vie ? Comment ne pas être triste quand on réalise ainsi les ravages que peut parfois causer le tourisme…ces fossés qu’il creuse plus profondément que de raison ? Nous sommes arrivés au Vietnam, le 6 mai, bourrés de préjugés… à trop écouter les autres voyageurs parler peut-être ? à trop rester attachés aux sourires si accueillants des laotiens sans doute ? Et pourtant. Il suffit d’une rencontre pour se rendre à l’évidence. Accepter et comprendre. Se faire bousculer au plus profond de nous.

vendeuseLe circuit proposé par les tours opérateurs vietnamiens est certes attractif, par son prix si dérisoire que même les Vietnamiens délaissent leur bus locaux pour descendre auprès des touristes jusqu’à Saigon, mais il enferme les dits touristes dans un chemin bien établi et hélas, pourri par le tourisme… car dit touristes, dit occidentaux, dit argent et dit automatiquement beaucoup de gens autour qui essayent d’en vivre autant que ce peu…D’un côté ceux qui ont les dollars, de l’autre ceux  qui veulent les gagner… Une guerre féroce entre hôteliers, rabatteurs, taxis, marchands de souvenirs, tailleurs à petits prix, restaurateurs, et même vendeuses de fruits et légumes. Devant les « non » des uns, les autres deviennent aigris, devant le peu de chaleur humaine et l’acharnement des autres, les premiers ferment leur porte. Aucun échange. Aucune communion. Ou si peu. Un sourire parfois pouvant relancer le dialogue. Le premier pas de l’un vers l’autre. C’est ainsi que nous avons rencontré Phùoc.

phuocNous venions de passer la soirée à chercher un endroit pour boire une bière pression auprès des jeunes Vietnamiens, loin des rues touristiques de la vieille cité de Hoi An. Après s’être assis et relevés maintes fois… (à chaque fois, soit on nous disait qu’il n’y avait pas de bière pression, soit on voulait nous vendre la bière en bouteille aussi chère que dans un restaurant touristique… ce qui forcément contribuait grandement à notre agacement), nous sortions d’une petite échoppe tristounets de ne pas avoir trouvé un endroit pour rencontrer des jeunes trentenaires…lorsqu’un jeune vietnamien nous aborda de sa petite table dans la rue. D’un signe de la main il nous montra son œuf (ici ils font cuire les œufs avec des poussins dedans et franchement cela ne donne pas très envie d’essayer !!!), nous demanda si nous en voulions et nous invita à nous asseoir pour au moins discuter avec lui… Il était 21 heures et sans hésiter nous nous sommes assis à ses côtés. Nous ne sommes repartis que trois heures plus tard, après avoir échangé bien des choses notamment sur la vie des trentenaires (ah oui, Phùoc a 28 ans)… et quelques verres de bières. Joyeux, comme sur un nuage. Heureux d’être enfin réconciliés avec ce Vietnam au premier abord si froid et commercial, où on a souvent le sentiment de n’être qu’un simple distributeur de dollars, mais où il suffit finalement de s’écarter un peu, si peu des circuits touristes, en vélo ou à même à pieds, pour échanger quelques « Xin Chào » chaleureux et retrouver les mêmes sourires que ceux des enfants du Laos :spontanés, vifs et sincères. Réaliser enfin, au combien ce peuple meurtri et blessé par les guerres, peut être chaleureux et beau à l’image de ses paysages magnifiques.

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