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trentenaires du monde
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27 octobre 2006

Le minerai bolivien, entre enfer et paradis

Il existe des lieux, dont la visite s’avère incontournable, dans la découverte d’un pays, tant pour mieux comprendre son histoire, que pour de ne pas rater l’un des plus beaux spectacles que la nature puisse nous offrir. Et même si pour moi, il s’agit de la deuxième visite de la Bolivie, nous nous devions de passer par cette région du sud de l’Altiplano. Après Sucre et le fameux marché haut en couleurs de Tarabuco. L’aventure commence à Potosi, 4000m… Bizarre. Dès nos premières rencontres, nous avons l’impression d’arriver dans un autre monde, marqué par la rudesse du climat. En tout cas, les gens semblent particulièrement froids à notre égard.

minesinterieurPotosi, peu de gens en connaissent finalement l’importance, à part bien sûr ceux qui ont eu le bonheur de visiter ce pays. Et pourtant, cette ville était au milieu du 17ème siècle, avec ses 165000 habitants, aussi importante que Paris ou Londres. Pour cause, elle fut le siège de la découverte du Cerro Rico (Colline Riche), l’une des mines les plus fabuleuses qui aient existé. Exploitée dès l’arrivée des Espagnols, elle fût en effet l’une des raisons de l’enrichissement de l’Europe pendant près de trois siècles… Pour nombre d’historiens, elle apparaîtrait même comme une raison sine qua non du développement du capitalisme de part les flux d’argent énormes qui transitaient des mines de Potosi vers l’Europe. Mais à quel prix ! On oublie bien souvent tous ces Indiens Aymaras, Quechua ou esclaves Africains (forcés à rejoindre l’Amérique dans le cadre du commerce triangulaire) exploités jusqu’à leur mort dans ces mines. Le génocide s’élèverait à 6 millions de vie sacrifiées !

minesexterieurDe cette ère prolifique, il ne reste presque plus rien. D’ailleurs, les mines du Cerro Rico, de moins en moins rentables, ne sont presque plus exploitées pour l’argent, mais plutôt pour l’étain… Toutefois, les coopératives de la ville font encore travailler 6000 mineurs dans des conditions décrites par un certain Emile Zola au 19ème siècle. Fallait-il suivre l’une des nombreuses agences pour aller les visiter ? N’allait-on pas tomber dans un voyeurisme malsain ? Le choix était difficile. Mais, nous voulions tout de même pouvoir nous en rendre compte par nous-même. Une expérience à tout point de vue déstabilisante !

minesbrunoAprès une séance d’habillage, la visite commence par un passage obligé au marché des mineurs. Décor surréaliste, chacun est libre en effet d’y acheter ses bâtons de dynamites, détonateurs, diverses mèches, carbures de calcium pour les lampes de fond et autres masques en papier. On s’y procure également des sachets de feuilles de coca, plante omniprésente dans la culture indienne, utilisée à la fois à des fins nutritionnelles et religieuses. Ici, la feuille de coca est indissociable du travail du mineur. Elle l’aide à résister à la dureté du travail. Et, on comprend mieux l’exercice physique dès que l’on passe deux heures dans les premiers niveaux de la mine… Les déplacements se font d’un niveau à l’autre par d’étroits passages, tantôt en rampant, tantôt en descendant en rappel, sous une chaleur croissante… jusqu’à 35°C pour nous, mais pouvant atteindre 60°C dans les galeries les plus profondes. Si nous avions la chance de ne rien porter. Les mineurs, eux, remontent des sacs de minerai brut de plus de 60 kg sur leur dos, dix heures durant, voire plus ! Le mineur est en effet payé en fonction de ce qu’il remonte : entre 800 et 1000 bolivianos en moyenne par mois, soit presque le double du salaire moyen du pays (500 Bol, soit 50 euros). Mais à quel prix : leur espérance de vie ne dépasserait pas les 45 ans.

sudlipezmontagneTrois jours plus tard, région du Sud Lipez. Changement de décor. Le monde minéral est toujours omniprésent, mais n’induit pas les mêmes sentiments. Nous sommes ici à la découverte d’un environnement d’une pure beauté, où les couleurs pastels du sol, des montagnes et des lagunes nous éblouissent (même si Véro continue de préfèrer les rizières d’Asie).

sudlipezColoradaDégradés de blancs, gris, rouges, oranges, je prend la même claque que trois ans auparavant. Cette région est bel et bien l’une des plus magiques qui m’ait été donné de contempler. Quatre jours durant, nous découvrons tour à tour des déserts surréalistes à la Dali, des lagunes de toutes les couleurs,verte, rose, bleue, suivant que l’on y trouve du borax, du cuivre, du sel ou des algues microscopiques, dont sont si friands les flamands roses.

salarVerobrunoNous y croisons aussi des lamas, vigognes, alpagas et viscachas (entre le lapin et l ecureuil) en liberté, ainsi que des geysers, des sources d’eau chaude à près de 30 degrés, où nous prenons un véritable plaisir à nous baigner à 4500 mètres d’altitude. Avec pour finir, la cerise sur le gâteau : le plus grand désert de sel du monde, le Salar d’Uyuni. Une étendue blanche à perte de vue qui nous permet d’expérimenter d’étranges phénomènes d’apesanteur. Il faut y être pour le croire !

PS... pendant qu on y est, profitez en pour aller voir notre diaporama "projet artistique", apres s etre fait la malle en Nouvelle Zelande, notre cher tulle rose fuschia nous a enfin rejoint en Bolivie pour reprendre ses jeux loufoques. Sacre garnement !

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