LE SUD DU LAOS ET SON PLATEAU
Nous avons quitté le Laos
vendredi pour rejoindre Bangkok, où nous retrouverons dès
lundi nos parents pour deux semaines en famille. Une autre page se
tourne sur le Laos, pays au combien dépaysant et fascinant.
Après les îles du Sud, nous avons en effet goûté
durant quelques jours à la vie paisible des habitants du
plateau de Boloven. Notamment à Tadlo, où nous avons
séjourné trois jours. Situé à deux heures
de bus de Pakse, au Nord du plateau de Boloven, Tadlo est un petit
bourg, perdu, près de trois chutes d’eau, au pied d’une
montagne. Quelques guest-houses, quelques échoppes, une école
presque vide et des salaires moyens qui ne dépassent pas les
30 dollars par mois par famille. Une campagne si loin de la notre.
Des chemins de terre qui traversent des champs de bananiers, qui
longent la rivière, mènent jusqu’à de petits
villages où vivent encore quelques ethnies. Coupée du
monde. Ou presque. Au loin, des enfants jouent nus dans l’eau de la
rivière à quelques mètres du village, là
où leurs mères lavent vêtements, tissus, légumes
et herbes diverses cultivés sur les rives, à fleur
d’eau. Sous les maisons, construites en cercle autour d’un
terrain vague, quelques hommes dorment allongés sur des nattes
de bambous ou dans des hamacs troués, du tabac roulé
encore fumant au bec. Difficile avec nos sacs à dos et nos
cheveux blonds, de passer inaperçus. De ne pas être
observés de tous, en entrant par hasard dans ce petit bout du
monde… Difficile aussi et surtout d’y communiquer. Nous ne
parlons pas laotien. Ils ne parlent pas anglais. Plus qu’ailleurs,
ici tout se passe dans le regard, dans les mimiques, dans les gestes
et dans les sourires… Et c’est mieux ainsi. Peut-être.
Car
comment ne pas se souvenir ensuite, émus, de ces trois gamins
qui nous ont menés spontanément vers leur cascade
cachée ? nous ont offert un peu de leur vie en nous
dévoilant leur tobogan naturel creusé dans la roche ou
leur plongeoir à 3 mètres ? Comment ne pas garder
gravé au fond de nos cœur leurs rires lorsque nous avons en
échange essayé de leur apprendre à jouer de la
musique avec une herbe sauvage ? Car tel est le Laos. Spontané
et vivant malgré son extrême pauvreté. Généreux
et chaleureux, toujours. A l’image de ses jeunes qui nous sont
venus en aide à deux reprises, lorsque Bruno a bloqué
sa chaîne de vélo, à Don Khong, puis lorsque
notre mobylette est tombée en panne à vingt kilomètres
de notre location. Une extrême gentillesse et une joie de vivre
et d’aller à la rencontre de l’autre dont nous avions sans
doute oublié la saveur dans nos pays occidentalisés.
Comme une leçon de vie dont nous nous souviendrons.